Chapitre 30
Quand il rentra après avoir fait quelques courses, Conrad entendit la douche couler, et Néomi soupirer doucement.
Jetant ses emplettes sur la table, il repoussa à plus tard la discussion sur la façon dont elle était parvenue à passer de l’état de fantôme à celui de mortelle. Quelques secondes plus tard, il était nu et glissait silencieusement jusqu’à la cabine carrelée.
Néomi, les yeux clos, explorait son corps avec des gestes tranquilles. Léchant l’eau qui coulait sur ses lèvres, elle soupesa ses seins, comme si elle les redécouvrait.
Sans faire de bruit, Conrad l’observa, fasciné. Elle avait ramené ses cheveux sur son épaule. Un de ses seins en était recouvert, mais sa pointe durcie apparaissait entre deux mèches.
Il arrêta probablement de respirer lorsque la main de Néomi descendit le long de son ventre plat et que ses doigts glissèrent dans le triangle de soie noire, au creux de ses cuisses. Le cœur de Conrad battait si fort qu’il redouta d’être entendu. Elle avait légèrement écarté les jambes et se caressait. Ravalant un grognement, il empoigna son propre sexe. Elle concentra ses caresses sur son clitoris, glissant à diverses reprises un doigt en elle, comme pour y chercher un lubrifiant.
Il observa, émerveillé, le visage de Néomi se transformer tout au long de la montée vers le plaisir, et se dit que c’était cette expression qu’il voulait retrouver lorsqu’il entrerait en elle. L’expression de l’abandon. Jamais il n’avait rien vu d’aussi bouleversant que cette femme en train de se caresser.
Mais, bien qu’il fût conscient qu’en l’observant ainsi, il apprenait comment la satisfaire, il ne pouvait s’empêcher de regretter qu’elle ne l’ait pas attendu.
Il l’avait satisfaite, cette nuit, alors pourquoi était-elle si pressée ? Peut-être devait-il lui prouver qu’elle avait tort…
Néomi gémissant de plus en plus, il l’interrompit avant qu’elle jouisse.
Néomi était au bord de l’orgasme lorsqu’elle entendit Conrad.
— Tiens, tiens…
Elle ouvrit les yeux. Il était là, avec elle, et elle ne l’avait pas entendu arriver.
Presque aussitôt, elle baissa le regard sur le sexe en érection de Conrad. La dernière fois qu’ils s’étaient trouvés sous la douche ensemble, elle avait admiré sa virilité. En érection, il était impressionnant. Et ce gland énorme, elle le savait, n’allait pas tarder à s’humidifier.
Mais lorsqu’elle tendit la main pour le caresser, il la saisit par les poignets, qu’il maintint dans son dos, et se plaqua contre elle, le souffle court.
— Pourquoi tu ne m’as pas attendu ? demanda-t-il, l’air tendu, presque dangereux.
— Quand je me suis réveillée… les draps, sur mon corps… sur mes seins…
Elle frissonna.
— Si c’est ce dont tu as besoin, je peux te satisfaire.
— J’ignorais quand tu rentrerais. Mais tu es là, maintenant.
Se hissant sur la pointe des pieds, elle tendit les lèvres pour l’embrasser. Ce qui commença comme un doux baiser devint bientôt une caresse plus profonde, plus énergique, plus exigeante. Il écrasa ses lèvres sur celles de Néomi tandis que leurs langues s’enlaçaient, roulaient l’une autour de l’autre.
Lorsqu’ils se séparèrent, haletants, elle murmura :
— Conrad, j’ai besoin que tu me fasses l’amour.
À ces mots, son membre battit contre sa cuisse.
— Je crois que je vais mourir, si tu ne le fais pas.
Il lâcha ses poignets, pour empoigner fermement ses fesses et la soulever de terre. En un instant, il la plaqua contre la paroi et la hissa jusqu’à sa bouche comme si elle n’était qu’une poupée entre ses mains.
Elle glissa ses doigts dans les épais cheveux de Conrad et s’y agrippa, renversant la tête sur le rebord carrelé.
La barbe naissante de Conrad lui fit l’effet d’un abrasif sur l’intérieur des cuisses, provoquant en elle un frisson de volupté. Toutes ses sensations lui semblaient exacerbées ; chaque goutte d’eau éclaboussant sa peau augmentait son plaisir.
Aimerait-il la prendre avec sa langue ? Il n’avait jamais goûté une femme ainsi.
Explorer du bout de la langue les plis veloutés du sexe de Néomi lui arracha un grognement de satisfaction.
Puis, plaquant ses lèvres sur sa corolle intime, il glissa sa langue en elle et s’enfonça loin, la lécha profondément.
— Oui ! hurla-t-elle, écartant un peu plus ses cuisses, posées sur les épaules de Conrad.
— Je n’en aurai jamais assez, souffla-t-il avant de recommencer à aspirer, lécher, déguster.
Ses doigts lui faisaient presque mal, tant ils la maintenaient fermement. Sa langue s’agitait maintenant sur son clitoris, le faisait vibrer, l’aspirait.
— Là ! Oui, oui… Plus haut ! Oh, Conrad… Encore, encore. Plus fort, plus loin…
Lorsqu’elle jouit dans un cri, ondulant contre sa bouche, il fut pris de frénésie et ne la laissa respirer que quand un deuxième orgasme la secoua, plus violemment encore.
Cette fois, Néomi ouvrit grands les yeux, presque surprise de se sentir fondre sous les caresses de cette langue qui l’explorait. Longtemps, ses hanches s’agitèrent contre cette bouche affamée.
Le calme revenu, elle dut repousser doucement Conrad, qui continuait à la lécher, s’attardant en divers endroits avec de petits grognements.
Enfin, il la laissa glisser à terre, l’aida à retrouver l’équilibre. Elle sentit son sexe, toujours aussi dur.
Pourtant, Conrad ne faisait pas mine de vouloir la prendre. Son expression était insondable. Seul son membre trahissait son désir.
— Tu ne veux pas me faire l’amour ?
Bien sûr, il était naturel qu’elle ait envie de le sentir en elle, d’être comblée par lui. D’aller jusqu’au bout.
Mais, désormais, il y avait autre chose.
Elle en avait envie parce que, pour la première fois de son existence, elle désirait se donner à l’homme qu’elle aimait.
J’aime Conrad.
Elle ne l’avait jamais vraiment admis, mais ces sentiments n’étaient pas nouveaux. Ils grandissaient en elle depuis le premier soir, quand elle l’avait découvert chez elle, plus bête sauvage qu’homme.
— Conrad, est-ce que tu en as envie ?
Il secoua la tête.
— Oh. Je vois, dit-elle, visiblement déçue. En fait, non, je ne vois pas, reprit-elle avec une moue.
— J’ai peur de te faire mal. J’ai senti comme tu étais étroite, hier. Je n’ai pensé qu’à cela ce matin, et je ne vois pas comment je pourrais ne pas te faire mal.
— Tu renoncerais à la possibilité de posséder une femme par considération pour elle ?
— Bien sûr.
Elle ouvrit la bouche, posa une main sur le visage de Conrad.
— Tu ne cesses de me surprendre, vampire. Tu es une merveilleuse surprise à toi seul.
Elle laissa glisser une main le long de son corps.
— Je n’ai jamais connu d’homme aussi… imposant que toi, dit-elle en prenant délicatement la verge dans sa paume, provoquant un soubresaut chez Conrad. À tout point de vue. Mais si tu me prépares comme il faut, tout ira bien.
Conrad serra les dents. Comment faire ? Il l’ignorait ! Il pouvait faire comme la veille, mais cela suffirait-il à la préparer ? Il s’était contenté de glisser un doigt en elle, et elle était déjà trempée.
Néomi dut lire dans ses pensées, car elle lécha une goutte d’eau sur son torse et murmura :
— Si tu me portes jusqu’au lit, je te montrerai exactement ce dont j’ai besoin…
Déjà, il la soulevait dans ses bras. Sans prendre le temps de la sécher, il glissa jusqu’au lit et l’y déposa, avant de s’allonger à côté d’elle.
Elle souriait.
— Bon. Donc, l’idée ne te déplaît pas ?
Si elle lui montrait comment faire… Seigneur, être en elle, enfin…
Comme il se penchait sur elle, à genoux, elle lui prit doucement l’index et s’en servit pour se caresser, lentement, très lentement, le guidant à l’intérieur, où il pratiqua un va-et-vient léger.
— J’ai besoin de deux doigts, murmura-t-elle bientôt.
La gorge serrée, il s’exécuta.
— C’est parfait, Conrad.
De ses deux petites mains, elle plaqua celle de Conrad contre son sexe, pour qu’il s’enfonce en elle plus loin encore. Puis, les paupières lourdes, elle souffla :
— Écarte-les en moi.
Un frisson de plaisir le parcourut lorsqu’elle s’arcbouta contre sa main.
— Maintenant, va et viens, en les gardant écartés.
— Comme ça ?
— Oui… Oh, oui. Encore. Continue.
Il continua.
— Maintenant, Conrad.
— Tu es prête ?
— Je… je m’en fiche. Je te veux en moi.
Mais il fallait qu’il soit sûr. Alors, il prit son temps, la caressa encore et encore, s’attarda au fond d’elle jusqu’à ce qu’elle s’agrippe à ses épaules, au comble de la frustration.
— Tu as encore peur ? haleta-t-elle.
— Je ne suis toujours pas… sûr de pouvoir…
— Laisse-moi te montrer que c’est possible, chéri. Laisse-moi te montrer que je peux t’accueillir.
Elle repoussa sa main, le fit rouler sur le dos et se plaça à califourchon sur lui. Le souffle court, elle enfonça ses ongles dans le torse de Conrad, ainsi qu’elle l’avait envisagé, puis le caressa doucement.
Le regard qu’elle posa sur lui provoqua en Conrad un plaisir violent. Mon corps balafré peut servir à autre chose qu’à tuer. Il servait à l’exciter.
Bientôt, elle referma une main sur son membre dressé et le guida en elle, entre les plis veloutés de son sexe. Il retint un cri. Enfin… Impatient, il bascula le bassin, redoutant déjà de ne pas pouvoir se retenir très longtemps. Il sentait la pression augmenter, et son sexe gorgé de semence le lançait, réclamant l’assouvissement.
— C’est si fort…
Lorsqu’elle s’empala sur lui, il la saisit par les hanches.
— Néomi, je…
Le sexe chaud et moite de Néomi l’enveloppa soudain. Conrad s’abandonna.